#06 - Peurs & Limitations

Nos peurs et nos limites.

 

Comme je le disais dans un autre article, je pense que nos peurs interviennent pour de bonnes raisons. Elle ne sont pas « mauvaises » en soi, elles sont justes des informations.

 

Attention, tu risques de te faire mal. Attention, tu es en danger. Attention, cela, tu ne le contrôle pas.

 

Personnellement, beaucoup de mes peurs interviennent quand je sens que je n’ai pas le contrôle, que je ne connais pas assez ou qui me rappelle une expérience vécue sur laquelle j’ai mis une emprunte, un filtre me rappelant que la dernière fois « c’était pas agréable à vivre ».

 

Je vois ça comme une « jauge » et elles appartiennent à chacun. Certains ont peur de l’eau, du feu, de la vitesse, de tel ou tel animal, de telle ou telle situation …

La raison dépend aussi de chacun, la peur c’est une émotion très personnelle en sommes.

 

J’aime bien aller voir les raisons de mes peurs, vivre l’expérience, voir ce qu’elle a à me montrer. Cela dis, ça reste très relatif. Si j’ai peur de passer sous un train, ce n’est pas pour autant que j’irai vivre l’expérience, je n’ai pas envie de mourir non plus !

 

La peur des serpents, je ne pourrais pas dire véritablement d’où elle vient. Mon père aime ça, il en a eu avant ma naissance. En vacance, petite, j’en ai rencontré … Des vipères, des couleuvres … De loin. Une fois, j’ai mis la main dans un terrarium pour toucher un serpent, j’avais été étonné de la texture particulière qu’ils ont. Sans pour autant le prendre dans les mains, en restant quand même sur mes gardes.

 

Récemment, je m’occupais d’un chien qu’on m’a demandé d’attacher à un arbre plus loin car nous mangions par terre. À peine posée, j’ai eu un écran rouge dans mon esprit. Une sorte d’alerte interne. Quelque chose se passait. Ca s’est passé très vite, les informations ont défilé à toute vitesse. Rouge, danger, chien ! Le chien à peur ! Le coeur s’accélère, montée d’adrénaline, je me lève d’un bond, cherche le chien du regard et en me dirigeant très vite vers lui, j’ai compris. Il était face à un serpent. Pas le temps de défaire la laisse, je le détache, et pars plus loin avec lui en criant qu’il y avait un serpent, juste là. Certains ont eu peur comme moi, d’autres étaient étonnés, curieux …

« Il est inoffensif ! ». Excusez moi, mais ce n’est pas écrit sur sa tête, et de toute façon, je n’aurais pas eu le temps de lire quoique ce soit !

Ce qui m’a le plus étonné dans cette expérience, c’était cette connexion avec le chien plus que la rencontre avec le serpent.

Hier, la rencontre avec les serpents a pu se passer plus doucement. J’ai eu plus de temps pour m’y confronter. Ce sont des serpents … « domestiques ». Dans le sens où ils sont chez un particulier, en terrarium et que ceux qui étaient manipulés en ont l’habitude.

Ils les ont sortis, les uns après les autres.

 

Je les observe et j’observe ce qu’il se passe en moi. Je les vois les prendre, les laisser s’enrouler autour d’eux. Autant j’ai peur, je ressens cette alarme intérieure, autant une attraction que je ne m’explique pas. J’ai envie de le toucher.

Est ce que c’est chaud ? Froid ? Est ce que c’est doux ? Est ce qu’on sent les écailles ? Est ce qu’ils attaquent ? Comment on sait que ça devient dangereux ? Ca fait mal quand ça mord ?

 

Je demande à toucher, mais je ne veux pas m’approcher de la tête. Je veux vivre l’expérience mais je veux la contrôler. Je suis consciente que toute mon énergie est mouvante. Je fuis à moitié mon corps, et c’est un vrai challenge pour revenir à moi, chaque instant, chaque respiration.

C’est doux, tantôt froid, tantôt chaud, ça dépend de la bête.

 

Ils en sortent un tout petit. Visiblement, c’est la plus petite qui est la plus teigneuse. Ca me rappelle quelque chose ! Elle mord son propriétaire et … il ne bronche pas. C’est comme dans les reportages animaliers. C’est incroyable comme une petite chose comme ça peut ouvrir un tel gouffre par rapport à sa taille ! Elle, c’est trop, je ne peux même pas m’en approcher. Même l’autre propriétaire s’en éloigne. Il est dit qu’elle est albinos, un peu folle, agressive, qu’elle mangerait même un autre serpent plus gros … C’est réglé, celle ci c’est non, et non négociable !

 

Les autres, au fur et à mesure, je m’en accommode. Je les touche quand ils sont sur les autres, et je fais bien attention à ne pas croiser leurs têtes. C’est tellement doux … C’en est presque agréable.

Je me suis déjà dépassée pour y arriver, pour trouver ça presque agréable et je pensais que l’expérience cesserait là. J’étais déjà satisfaite de moi. J’ai reconnu mon courage, mon audace, ma curiosité. Mais … Ils en sortent une autre. Un python albinos, plus grosse, plus longue …

Jean-Guillaume m’épate … Il a l’air tellement à l’aise … A croire que rien ne lui fait peur à celui là, et moi … et moi je suis presque paralysée. Je respire mal … Je les vois s’enrouler autour de son cou, lui serrer le poignet … Je vis l’expérience à travers lui un moment, et tout se bloque dans ma gorge, ça me fait mal à la tête et mon cœur à pris un rythme que je suis difficilement.

 

Ce serpent … Je le trouve très beau. C’est un python, une femelle, mais je ne sais toujours pas comment les reconnaître.

Elle me fixe un moment, et j’ai encore son regard dans le mien tellement le temps s’est figé à ce moment là. Elle a les yeux rougeâtre fendu dans la hauteur par sa pupille fine et noire. Son corps est dans les nuances de jaunes foncés et plus claires, avec du blanc qui vient dessiner des motifs. Sa langue est rouge, on la discerne mal tellement ça va vite quand elle la sort.

On reste un moment à se regarder, elle ne comprend pas, elle ne me comprend pas. Je l’intrigue, elle me fascine.

« Qu’est ce qu’il y a, pourquoi tu me regardes comme ça ? »

« Pourquoi tu as peur ? »

 

C’est vrai ça, pourquoi j’ai peur ? … T’es jaune, t’es un serpent, t’es un prédateur … Pourquoi j’ai peur ?! Mais j’en sais rien … Est ce que je te demande pourquoi t’es jaune ?!

Bon, faut que je vive l’expérience. J’y vais, je me lance ! Non, en fait non … Si ! On y va !

« Bon, je le prend, tu prends la photo et tu récupères la bête ok ?! »

 

L’émotion monte de plus belle … C’est comme quand on entre dans un manège à sensation, on est déchiré entre l’excitation, la peur (à mon niveau ça s’appelle même de la trouille) puis on commence l’ascension et là … c’est trop tard, on est dedans, on ne fait plus demi tour !

On me pose l’engin sur moi. Je suis bloquée au niveau du plexus, du cœur et de la gorge. Mon énergie ne circule pas ou mal, très mal. Je suffoque presque. Respire ! Me dit on. Quand je respire, ça reste dans la gorge, il me faut vraiment lâcher prise pour réussir à redescendre.

Elle approche sa tête de la mienne, je vacille. Pas le visage, pas le visage ! Un effort de plus pour redescendre dans mon ventre. Sa texture m’aide car je trouve ça apaisant. C’est très curieux comme sensation.

 

C’est tendu, un peu frais, ça bouge d’une façon dont on a pas l’habitude. C’est particulier … En fait, c’est même très phallique, aussi bizarre que ça puisse paraître, c’est un peu l’idée que ça m’évoque.

 

Je la sens s’agripper à moi. Tout le monde y va de son commentaire mais ça va trop vite pour moi, c’est trop rapide, saccadé en moi. Faut que je me pose. Du temps, suspendre le temps. Respirer. Revenir à mes sensations, à une respiration plus basse, plus calme. C’est doux, ça va mieux.

 

Puis, elle vient se frotter à mes cheveux, passe au dessus de mon oreille … Ma respiration se bloque à nouveau, j’ai envie de fermer les yeux, et en même temps je ne peux pas, faut que je regarde. Je m’appuies énergétiquement sur la proprio et Jean-Guillaume, ils ont confiance, eux. Je ne vais pas chercher en moi. J’essaye d’y remédier. C’est difficile de puiser dans ses propres ressources.

 

Le python commence à monter, ça va mieux, sa tête est plus loin. Les photos sont prises, check ! C’est le moment de la rendre et mine de rien, j’ai une once de « oh ? Déjà ? ». Entre soulagement et frustration. Je me pose gentiment, petit à petit, je fais le chemin pour revenir à moi. La peur est passée.

Je suis fière de moi, j’ai une reconnaissance intérieure. Une satisfaction personnelle, une puissance. C’est un trait de caractère que je me reconnais, que j’ai souvent rencontré. Rien n’est impossible, rare sont les choses au dessus desquels je ne peux passer. La vie et ses expériences à la chaîne. On est jamais confronté à des expériences qu’on ne peut gérer.

Merci à tout le monde pour cette expérience !

Ça me permet aussi de me rappeler que parfois, j’ai des cavaliers qui sont mort de trouille sur leurs chevaux/poneys. Beaucoup de moniteur ou homme de cheval ne comprennent plus car n’ont jamais ressentis cette peur ou ne s’en souvienne plus.

 

Mais comme je le disais au début de cet article, on a chacun nos « jauges ». Ce qui fait peur à certains ne fait peut être pas peur à d’autres. Pourtant, la peur, cette émotion reste la même, à différent niveau. Aucune n’est « mieux » ou « pire » que l’autre. L’émotion reste l’émotion. Une information qu’on décide d’entendre ou non.

 

C’est dans ce genre d’expérience qu’on se rend compte à quel point il peut être difficile de vivre l’instant présent.

 

No peur et no limits !

 

Adeline

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