#20 - Notion de Bio-mécanique


Les chevaux sauvages passent 17 à 18h par jour la bouche vers le bas et vers l’avant à la recherche de nourriture.

 

Cette attitude d’extension d’encolure, vers le bas et vers l’avant, leur permet de porter le poids de leur thorax et leur abdomen sans faire de gros effort musculaire.

 

 

Un cheval monté dans cette attitude est donc capable, par la seule « contraction inférieure » de porter le poids de son tronc alourdi par celui du cavalier, sans devoir abuser de son muscle long dorsal.

 

 

Le muscle long dorsal est un muscle de mouvement, employé pour la locomotion du cheval, et non pas pour porter son cavalier comme on nous le dit souvent, à tord.

Le muscle long dorsal est le muscle qui lie le sacrum aux cervicales basses, la 7ème cervicale pour être plus précis, à la base de l’encolure. Il vient faire le lien moteur entre l’avant-main et l’arrière-main. Ce n’est pas parce qu’il est contracté qu’il permet au cheval de supporter notre poids, au contraire.

 

 

La contraction inférieure est composée des muscles ventraux : muscle droit, transverse de l’abdomen, oblique interne et externe de l’abdomen. Dont le muscle oblique interne étant rattaché à la pointe de la hanche et agissant comme muscle de mouvement sur les postérieurs.

 

 

Le ligament nuchal (en rouge) et le ligament supra-épineux (en bleu) viennent s’attacher tous deux sur les apophyses épineuses du garrot. Le travail bas et long, l’extension d’encolure, va donc étirer le ligament nuchal et comme il est relié au ligament surpra-épineux, permettre la contraction inférieure et bien sûr crée l’élévation du dos.

 

En résumé, nous ne pouvons avoir un dos soutenu, donc une élévation du dos, que si l’énergie, la propulsion, l’impulsion peut être transmise à travers un dos décontracté et réceptionné avec légèreté par la main du cavalier. Ainsi, avec un dos délié, on peut abaisser la croupe et engager les postérieurs loin sous le centre de gravité. Tout est lié.

 

 

Malheureusement, il y a beaucoup d’incompréhension, beaucoup d’exagération, d’interprétation due à la non connaissance de la bio-mécanique et la locomotion du cheval et cela cause de réelles pathologies, traumatismes chez le cheval, tant au niveau physique et locomoteur, qu’au niveau psychologique causé par la douleur ressentie dans son corps, qu’au niveau énergétique quant à la circulation des énergies dans les méridiens ou encore au niveau physiologique car des muscles contractés ne sont pas oxygénés et provoque alors raideurs, crampes …

 

Nous trouvons alors des écuries de courses plaçant leurs poulains de 2 ans, pendant 5h durant, bloqués aux élastiques, en hyper flexion, ou Rollkür, dans des paddocks en herbe « pour leur faire le dos et la bouche », ou sur des détentes de grand concours hippiques. Rassurons-nous, plus ça va, plus nous trouvons des juges qui sanctionnent cette attitude !

 

 

Dans cette attitude, le long dorsal est sur-contracté sans mobilité ou souplesse. La sur-contraction du dos ne permet pas aux postérieurs de s’élancer sous la masse et met le cheval en déséquilibre sur les épaules.

 

 

 

« La nuque le point le plus haut », fortement compacté sans la musculature adéquate pour porter son cavalier va contracter son long dorsal.

 

Comme vu précédemment, cela va donc entraîner la perte de liaison entre l’avant-main et l’arrière-main, nuire à l’engagement des postérieurs sous la masse et le cheval en viendra à creuser le dos. S’il vient à creuser son dos, évidemment, cela va engendrer à son tour des douleurs et des tensions au niveau des apophyses épineuses du garrot.

 

 

 

Toutes ces dérives apparaissent parce qu’on ne « prend pas le temps ». On tente de coller à un modèle, une image et on utilise des enrênements coercitifs dont nous n’imaginons même pas l’impact et les dégâts qu’ils peuvent causer.

Comme, par exemple, les rênes allemandes dont l'effet est constamment "vers l'arrière" et démultiplie l'action du mors sur les barres. (partie sans dent de la mâchoire)

 

Nous sommes alors dans la projection, l’attente de résultat rapide, s’éloignant toujours plus du « ici et maintenant » dans lequel nous devrions nous connecter avec le cheval pour améliorer notre relation, la décontraction et la confiance mutuelle.

 

 

Sources :

D'autres en ont parlé avant moi, je pense notamment à Le Cheval En Harmonie, 

Et à Gerd Heuschmann, auteur de "Dressage moderne : un jeu de massacre ?"